25 AVRIL 2016: LA RENCONTRE AVEC ANTONIN

Il est près de 7 heures du matin à Bogotá.

Annette, dont nous vous avons largement parlé dans nos articles de 2011, et qui va de nouveau nous accompagner durant toute la procédure d'adoption d'Antonin, doit venir nous chercher à 9h15.

L'entrega (littéralement "la remise") d'Antonin, aura lieu aujourd'hui à Fana vers 10h30.

Bizarrement, nous avions mis un réveil. Comme si pour une telle occasion nous avions un risque quelconque de ne pas nous réveiller naturellement, ou bien de nous rendormir !

Se préparer, prendre un petit-déjeuner, répondre aux 1001 questions de Pablo, se dire qu'on est en Colombie, se dire qu'on va rencontrer notre fils, prendre des couches, les cadeaux, ne rien oublier... Tout se télescope dans nos têtes.

Pablo est surexcité.

Laurent qui s'habille presque tous les jours en costume pour aller au boulot n'est pas à l'aise dans sa veste, se sent engoncé comme jamais dans sa chemise, et comme étranglé par sa cravate.

Frédérique se sent fébrile, nauséeuse, et se demande en plus comment Pablo va garder sa chemise blanche et son pantalon intact jusqu'à l'heure de l'entrega !

Et nos 3 cœurs battent, battent très fort. Parce qu'au fond de nous, nous sommes heureux.

Il est 9h15. Nous sommes prêts et nous attendons Annette.

Puis Annette arrive. Quelle joie de la revoir. C'est concret, avec elle, nous sommes en terrain connu, nous sommes entre de bonnes mains. Nous pouvons nous laisser porter.

Elle n'a pas changé. Elle se fraie un chemin dans la jungle des embouteillages de Bogotá. Pablo sympathise très vite avec elle.

Et après une petite heure de conduite sportive et de soubresauts dans les nids de poule du bitume colombien, un logo bien connu nous apparaît au bout de la rue... FANA !

L'émotion monte en flèche. Nous connaissons le chemin et allons tout droit au salon vert. Celui où ont lieu toutes les entregas.

Nous ne tenons plus Pablo. Heureusement, il y a dans la salle d'en face le petit train auquel jouent depuis des décennies tous les grands-frères et toutes les grandes-sœurs qui attendent leur petit-frère ou leur petite soeur.

Mais ça ne suffit plus. Il est 10h20. C'est interminable... Maintenant il faut que ça commence ! Pablo fait son footing dans le salon vert, il se tortille sur les canapés.

Puis Marina arrive. Et puis Maria Teresa qui vient chercher les vêtements que nous avons prévus pour Antonin. Avec toujours autant de bienveillance dans leurs paroles et leurs regards.

Elena et Maria Lucia ne seront pas là à l'entrega, mais nous les reverrons probablement durant notre séjour.

Nous avons bien sûr une pensée émue pour Mercedes, la fondatrice de Fana, que nous avions eu la chance de connaître, et pour l'adorable Flor, un des piliers de Fana, toutes deux décédées depuis notre venue en 2011.

Nous apprenons aussi que Cécilia, qui veillait depuis plus de 40 ans sur les dossiers des enfants adoptés et que nous avions aussi vue en 2011 s'en est allée elle aussi...

Puis nous passons un bon moment avec Lorena, le médecin de Fana qui nous a tenus informés plusieurs fois de l'état de santé et des mensurations d'Antonin depuis le 4 mars. Lorena vient cette fois nous expliquer tout ce que nous devons savoir sur lui pour les jours à venir: les médicaments qu'il prend, ses 6 repas par jour, les petits soins qu'il faut lui prodiguer...

Il se dégage des propos de Lorena un incroyable professionnalisme mêlé d'une remarquable empathie et d'une douceur et d'une humanité impressionnantes.

Nous apprenons que Lorena aussi a été adoptée.

Marina nous explique alors qu'avec Lorena, Elena et Maria Lucia, ce sont progressivement des enfants adoptés qui reprennent les rênes de l'institution. Une belle histoire.

Et soudain, tout se précipite... C'est l'heure !

Nous ne le voyons pas encore, mais Antonin est déjà à quelques mètres de nous. Lorena veille sur lui et lui explique ce qui va se passer.

Puis il nous est amené dans les bras de Marina.

Et le voilà !!!!! Nous le voyons. L'émotion nous saisit les tripes et les larmes montent au bord des yeux...

C'est lui ! Nous ne le connaissions pas encore, mais nous le reconnaissons !

Il est beau, il est beau, il est beau. Il est trop mignon, trop craquant !

Ça y est, nous sommes 4 ! La famille s'est agrandie !

Premiers bisous de Maman. Premier cadeau. Premier biberon... On ne sait plus où on habite, mais on est heureux. La magie du salon vert a encore opéré !

Antonin est d'un calme déconcertant. Il ne sourit pas, il ne pleure pas, il ne dit rien. Il observe et se laisse faire. Docile. Peut-être essaie-t-il seulement de comprendre ce qui lui arrive.

En tout cas, qu'est-ce qu'il est petit... Habitués à Pablo et à sa robustesse, nous avions oublié comme un bébé pouvait être aussi léger et fragile...

Mais bon, ce n'est pas tout: la tradition, c'est aussi de boire un coup, quand même !

Un peu de champagne et quelques macarons finiront de parfaire l'événement.

Et puis vient le moment où Antonin quitte Fana...

Et comme il fallait s'y attendre, submergé par toutes ces émotions, il ne pouvait que s'endormir dans la voiture qui nous ramène à notre casa-hôtel !

La tradition est respectée !

(vous noterez au passage qu'Antonin s'est endormi avec le seul copain qu'il avait jusque là, sa seule richesse: son doudou que nous lui avions envoyé, qui l'avait rejoint à Fana, et qui en repart évidemment avec lui !)

La vie est belle !